Dans ma jeunesse, j’ai été marqué par la télésérie « Le temps d’une paix », laquelle racontait la vie dans le Québec rural entre la Première et la Deuxième guerres mondiales. On pouvait notamment y découvrir le climat de foi à l’intérieur duquel la société baignait alors.
Il y a quelques années, je me rendais pour un congrès dans la région de Charlevoix, là où se déroulait l’histoire du téléroman. Après les délibérations, j’ai profité d’une journée de répit pour me rendre à Notre-Dame-des-Monts, afin d’y visiter la maison de Rosanna, où se déroulait une grande partie de l’histoire.
Quelle ne fut pas ma déception de constater que les lieux que je voyais au petit écran étaient désormais laissés à l’abandon ! Tout cela faisait maintenant partie de souvenirs que je pourrais occasionnellement partager avec d’autres adeptes de cette télésérie au détour d’une conversation impromptue… jusqu’au dimanche de Pâques cette année, au cours duquel j’ai littéralement dévoré les mémoires de M. Léandre Lachance, intitulées « Bonheur en héritage ».
Pour moi, le mot bonheur est tout à fait approprié, tant il me fut agréable de plonger au cœur du témoignage touchant et attachant d’un individu qui aurait très bien pu figurer parmi les personnages principaux dans « Le temps d’une paix ». J’imaginais le petit Léandre vaquant aux occupations de la ferme, rêvant à son avenir et aidant son prochain. En filigrane, je constatais également la marque du Seigneur qui guidait ses pas vers un amour grandissant. L’amour envers Dieu, envers sa famille, envers son travail et envers les autres.
Féru d’histoire et ayant complété une maîtrise dans ce domaine, il m’a été donné de lire les mémoires de plusieurs grands personnages. Elles permettent souvent à ceux et celles qui utilisent ce genre littéraire de se justifier, de régler des comptes, de se faire la part belle. Règle générale, il convient donc de s’équiper d’un sens critique vigilant quand on les aborde.
Le livre de Léandre Lachance ne s’inscrit pas dans cette perspective. Au fil des pages, je me suis étonné des actions posées par l’auteur à plusieurs moments cruciaux de sa vie. Comme, par exemple, lorsqu’il refuse de profiter d’une occasion d’affaires exceptionnelle parce qu’il ne veut pas outrepasser la prérogative qu’il reconnait à son frère. Combien de gens seraient prêts à agir ainsi dans notre monde marqué par l’égocentrisme, la jalousie, l’envie et l’avarice ?
Pensons également à cette période au cours de laquelle Léandre a aidé son frère et sa belle-sœur à traverser une étape très difficile sans devoir passer par les tribunaux. C’est quelque chose. Alors que plusieurs seraient montés aux barricades pour soutenir l’un des deux époux et auraient jeté de l’huile sur le feu de la discorde, il posa un geste qui leur évita beaucoup de douleur, de problèmes et, ultimement, de regrets.
Mais là où je suis tombé en bas de ma chaise, c’est lorsqu’il évoque le début de sa relation avec son épouse, sa douce et souriante Élisabeth. Alors qu’il la fréquentait, l’ancien ami de cœur de celle-ci devait revenir dans les parages. Léandre posa alors un geste tout aussi bouleversant que révélateur de sa personnalité. Laissons-le décrire ce qu’il fit : « Je voulais me montrer bon gentleman : je lui ai dit [à Élisabeth] à regret que je me retirais et nous nous sommes laissés. » S’effacer par amour et dans l’amour, voilà l’un des traits marquants de cet homme d’exception.
Mais Léandre Lachance ne l’a pas uniquement fait pour ses proches. Il l’a aussi fait pour et avec Jésus – ce qui est beaucoup plus radical et j’oserais même dire difficile parfois. À cet égard, j’ai été profondément marqué par quelque chose qu’il m’a dit un jour : « Plus on s’approche du Seigneur, plus on est touché par Ses grâces. »
En méditant sur ces paroles, je pensais à Lord Mountbatten – grande figure de l’histoire britannique contemporaine qui est également l’un de mes héros favoris de la Deuxième Guerre mondiale. Celui-ci affirmait que sa mère lui avait conseillé de ne pas se soucier de ce que les gens pensaient de lui dans l’immédiat, mais plutôt de se préoccuper d’agir de manière à ce que ses enfants et ses petits-enfants estiment qu’il avait bien fait. Léandre Lachance a prolongé cette démarche, en compagnie du Seigneur.
N’hésitez pas à un seul instant à plonger dans ce récit simple, vivant et inspirant. Léandre Lachance m’a fait rire, pleurer, réfléchir et prier. Vous y découvrirez également une page importante de l’histoire du Québec et constaterez que même si l’omniprésence du fait religieux observable dans « Le temps d’une paix » est maintenant révolue dans notre société, la manifestation vibrante de l’amour et des grâces du Seigneur dans notre monde demeure intacte.
« Bonheur en héritage » nous permet non seulement de mesurer l’impact de ce choix, mais aussi de puiser à la sagesse du parcours d’un homme qui a choisi la boussole de l’amour pour guider sa vie et qui a répondu Oui à l’invitation de Jésus.
Un moment de lecture délectable. Un temps de bonheur.
Sens
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