La table à cinq pattes
Vie sociale
Nous avons tous une vie sociale à maintenir, que ce soit avec nos voisins, nos compagnons de travail, nos parents ou amis. Sans exagérer sur le temps consacré à la vie sociale, il y a tout de même un minimum d’heures dans une semaine que nous devons nous réserver. C’est important sur différents plans, par exemple sur le plan moral ou sur le plan aide que nous pouvons apporter et recevoir des autres, ou encore par le vécu des autres, et aussi, bien sûr, pour nos relations d’affaires.
Un conseil que j’avais retenu dans une des lectures de Dale Carnagie, c’était l’importance de l’écoute. Dans une relation sociale, il y a beaucoup de gens qui désirent parler d’eux-mêmes, mais il n’y en a pas beaucoup qui veulent écouter; et lorsqu’on écoute et qu’on s’intéresse réellement aux gens en leur posant des questions, il devient facile d’établir de bons contacts. Les gens aiment parler d’eux-mêmes et ceci nous permet d’apprendre davantage. C’est sans aucun doute pourquoi Dieu nous a donné deux oreilles et seulement une bouche: Il désire qu’on écoute deux fois plus qu’on parle.
À Sherbrooke, à l’intérieur d’une compagnie d’assurance, il y a quelques années, j’ai rencontré un individu qui jouissait d’un très bon prestige et qui était reconnu comme une véritable compétence en matière d’assurance; j’avais à transiger à l’occasion avec lui et nos relations étaient toujours tendues. Je ne savais absolument pas pourquoi il me semblait antipathique et, sans aucun doute, je lui étais aussi antipathique. Un jour, je décide de l’inviter pour le lunch du midi. Arrivés au restaurant, je lui dis : « Mon habitude est, lorsque je vais manger avec un représentant de compagnie et que je suis le client, c’est que j’accepte que ce soit lui qui paie le repas. Dans le cas présent, c’est moi qui paierai, car je le désire, c’est moi qui t’ai invité et j’ai un motif très profond pour le faire. Je sais que tu es une compétence, que tu es une personne respectée dans l’industrie de l’assurance et tu as aussi tout mon respect. Par contre, je ne comprends pas pourquoi nos relations sont toujours tendues et aussi distantes. »
Il s’en est suivi un échange très profitable. À la fin du repas, il m’a même proposé différentes techniques pour m’aider dans mon travail; il s’est montré très coopérateur et nos relations, par la suite, ont toujours été des plus agréables. Ce qui m’a le plus surpris, c’est lorsqu’il a été promu responsable pour le Québec à l’intérieur de sa compagnie. Lors d’une fête organisée pour son départ, il a tenu à remercier trois personnes : il y avait celui qui lui avait permis d’entrer dans l’assurance, c’est-à-dire son premier patron, son patron actuel et la troisième personne, c’était moi. Et là j’ai compris que si nous éprouvons de la difficulté ou si nous souffrons d’une relation difficile avec quelqu’un, il en est de même pour lui et qu’une bonne rencontre positive peut inverser complètement la situation.
Il y a une autre expérience que je tiens à raconter. À travers les amis de Patrick, un de mes fils, nous avons établi un contact avec le père d’un de ceux-ci qui avait vécu un divorce, il y a plusieurs années, et il en résultait beaucoup de souffrances. En plusieurs occasions, j’ai accepté d’échanger avec lui dans le but de l’aider, et nous avons eu de multiples belles rencontres. C’est un individu qui avait des valeurs spirituelles, qui avait aussi vécu certaines expériences, et qui croyait beaucoup en Dieu; mais il avait toujours tenté d’organiser sa propre vie à sa façon: ce qui l’avait conduit à un échec dans son mariage. Il avait tenté de refaire sa vie, il avait eu encore d’autres peines; et maintenant il souffrait de voir que son garçon ne vivait plus avec lui, mais qu’il lui préférait sa mère, etc. Alors je lui conseillai d’accepter la situation telle qu’elle était et de s’abandonner à Dieu. Permets-Lui d’organiser ta vie et toi, fais simplement ce que tu as à faire chaque jour. Au départ, il me disait : « Penses-tu que ma femme va revenir ? Comment ça va s’arranger ? etc., » et moi de lui répondre : « Je ne le sais pas, ce que je sais c’est que si tu t’abandonnes à Dieu, il va organiser ta vie d’une façon beaucoup mieux que tu ne peux l’organiser toi-même; d’ailleurs tu connais les résultats que tu as obtenus. » Il éprouvait beaucoup de difficultés à comprendre. Par contre, à la suite de certaines démarches qu’il a effectuées sur le plan spirituel, il en est arrivé à l’abandon et, un bon jour, il est venu me raconter comment il était heureux, qu’il montait le mont Orford plusieurs fois par semaine et qu’il priait, qu’il voyait tout le beau côté de la vie. Je lui dis : « As-tu réalisé qu’il n’y a rien de changé, tu es encore séparé, tu vis encore seul, ton garçon n’est pas avec toi et pourtant tout est changé; n’est-ce pas extraordinaire ? Maintenant tu es devenu un homme heureux alors qu’avec les mêmes événements tu étais un individu malheureux. »
Depuis ce temps, il est très heureux, certains contacts se sont rétablis avec sa femme, mais pas pour vivre ensemble présentement; mais tout de même il y a une bonne relation d’amitié et d’échange entre eux. Cette expérience est pour moi très concluante des bénéfices que nous pouvons tirer mutuellement des relations sociales basées sur la vérité.