La sagesse
La sagesse est sûrement l’un des plus beaux dons qui existent. Pour l’obtenir, il faut la demander. Avant de poser un geste important, nous avons avantage à consulter une personne sage. Ceci nous garde dans le juste équilibre. Ce que la sagesse ne réussit pas à nous apprendre, la souffrance s’en charge. Dans les débuts de mon cheminement, vers une foi plus profonde, un type qui avait été un bon instrument entre les mains de Dieu pour ma croissance spirituelle, me disait : « Toi Léandre, tu ne pourras pas approfondir les valeurs spirituelles en demeurant pris comme tu l’es avec ton bureau. Tu devrais prendre une année ou au moins six mois de période sabbatique. Engage-toi un gérant pour diriger ton bureau et ce sera extraordinaire. » Cette remarque m’interpellait et je ne savais que faire. Je me suis dit : « Avant de décider si un jour, je peux prendre une longue période sabbatique, je dois au moins être capable de prendre quelques jours pour m’interroger sur ce que je dois faire avec cette interpellation. »
Je vais donc à La Trappe d’Oka chez les Pères trappistes pour trois ou quatre jours. Là, je soumets mon problème à un moine âgé. Il me dit : « Tu es au début de la quarantaine, ta famille et ton entreprise ont besoin de toi. Moi, je vais te recommander quelque chose qui sera bien moins dérangeant et qui te permettra d’aller beaucoup plus loin. Prends un minimum de quinze minutes par jour pour t’asseoir devant Dieu, pour faire l’analyse des 24 heures passées et réfléchir sur tes 24 heures à venir. Prends une journée par semaine où tu ne travailleras pas, tu ne discuteras pas d’affaires, pour l’analyse de la semaine écoulée et réfléchir sur la semaine à venir. Prends une fin de semaine pour l’analyse du mois qui vient de finir et réfléchir sur celui qui s’en vient et prends une semaine par année pour l’analyse de l’année écoulée et réfléchir sur l’année qui vient. » J’ai trouvé ce conseil d’une grande sagesse et sans l’avoir accompli à la lettre, j’ai tenté de le suivre le plus fidèlement possible. Ces quinze minutes par jour m’ont été tellement bénéfiques qu’il n’est pas rare présentement qu’il soit prolongé d’une ou deux heures, lorsque c’est possible, devant le Saint-Sacrement. Ce qui m’apparaissait comme du temps perdu au début, un temps d’inactivité, est maintenant le temps le plus important. Après ce conseil, j’ai décidé de ne pas travailler le dimanche et ne pas lire autre chose que des livres spirituels, sans cependant couper les activités familiales. Présentement, cette journée est devenue tellement importante que j’y ajoute, dans la mesure du possible, les mercredis.
Jésus nous a comparés aux branches d’un arbre, Lui étant le tronc. Si nous voulons être des branches qui produisent beaucoup de fruits, sans nous épuiser, tout en maintenant l’équilibre, nous avons avantage à prendre du temps pour être bien branchés à notre arbre qui nous alimentera de sa sève. Ainsi nous atteindrons de nouveaux sommets.