Est-ce un problème que je peux changer ?
Très souvent, dans la vie, nous en arrivons à croire que nous sommes écrasés par des problèmes. Il m’apparaît que si le problème s’avère trop lourd pour nos épaules, c’est pour l’une ou plusieurs des causes suivantes :
Nous sommes trop à l’intérieur de notre problème;
Nous voulons contrôler ce qui est en dehors de notre pouvoir;
Nous portons le problème des autres;
Nous n’acceptons pas le passé;
Nous nous inquiétons de l’avenir;
Nous n’agissons pas;
Nous ne savons pas comment affronter un problème pour y apporter la solution.
Nous avons donc avantage à nous poser certaines questions.
2. Est-ce un problème que je peux changer ?
Lorsque nous nous retrouvons devant un problème, la deuxième question que nous devons nous poser est la suivante : « Est-ce qu’il s’agit d’un problème que nous pouvons changer ? » Si oui, nous passons à l’action, suivant le processus en six étapes que nous verrons bientôt. Sinon, nous acceptons ce que nous ne pouvons contrôler. Personnellement, je m’en remets totalement à Dieu, sachant que ce qu’Il permet est pour mon plus grand bien, même si je ne le comprends pas toujours.
Où il m’apparaît difficile d’accepter la volonté de Dieu, c’est lorsque nous voyons venir la mort. J’ai vécu une expérience des plus enrichissantes sur ce plan avec mon comptable Gaston Beaudoin. Comme je venais de vivre certaines expériences spirituelles, un jour qu’il était venu à mon bureau pour une question d’affaires, je lui ai témoigné de ma foi pendant environ quarante-cinq minutes. Lui n’a pas dit un mot. À la fin, je lui ai donné un petit volume « De la prison à la louange ». Quand il est sorti de mon bureau, je me disais : « Il doit penser que je suis tombé sur la tête, en plein milieu du jour, pour prendre autant de temps pour parler de Dieu ». Lorsqu’il m’a rappelé, il m’a dit : « J’ai bien aimé ton livre. » Quelque temps plus tard, après avoir perdu sa mère dans un accident, et un de ses beaux-frères du cancer, et affecté par la maladie d’un de ses enfants, voilà qu’il se retrouve lui-même aux prises avec le cancer. Nous sommes allés prendre un repas ensemble, c’est lui qui a tenu à me parler de Dieu; nous avons échangé beaucoup; j’ai été très près de lui durant toute sa maladie. Je lui ai fait vivre différentes expériences, entre autres, une retraite d’hommes d’affaires de Granby qui l’a profondément marqué. Quelques mois plus tard, alors qu’il voyait ses forces diminuer et qu’il était préoccupé par cette fameuse maladie du cancer, il m’a déclaré : « Les valeurs spirituelles que j’ai découvertes à travers ma maladie sont tellement importantes à mes yeux, que même si on m’offrait de me redonner la santé en m’enlevant ce que j’ai découvert, je refuserais ». Durant cette même période, il m’a dit : « Ce qui me fait le plus souffrir c’est de me sentir abandonné ». Malheureusement, les gens se sentent démunis devant une telle maladie, ils évitent les rencontres. Il est allé jusqu’à me dire : « Tu es le seul ami sur qui je peux compter. » Pourtant il avait beaucoup d’amis. Lorsqu’il est décédé, à ses funérailles, l’Église Notre-Dame-du-Perpétuel-Secours était remplie. J’ai compris l’importance de visiter les grands malades; c’est un réconfort pour eux et un enrichissement pour nous. Une autre circonstance inoubliable pour moi devant sa maladie fut lorsque je suis allé le visiter après qu’un mélanome eût monté au cerveau, causant une paralysie, la perte de la vue, et une difficulté à parler; il a reconnu ma voix et m’a dit ceci : (en répétant ici ce qu’il m’a dit, je veux que tout l’honneur retourne à Dieu et non à moi.) « Léandre, j’ai beaucoup d’admiration pour toi, car si ce n’eut été de toi, je n’aurais pas découvert les valeurs du catholicisme. » Pour la première fois de ma vie, j’ai eu l’occasion de prier avec un grand malade; je me suis approché de lui, j’ai mis ma main sur la sienne et j’ai dit : « C’est Dieu qui t’a toujours aimé et qui a voulu te combler de Son Amour en te permettant de découvrir toutes ces valeurs. Je ne suis qu’un simple instrument et, si tu veux, nous allons remercier Dieu ensemble. » Et j’ai commencé une prière spontanée pour remercier Dieu de ce qu’Il avait donné à Gaston au cours de sa vie. Puis, il a prolongé la prière, même s’il avait de la difficulté à s’exprimer. Je le sentais vibrer de tout son être pour louer, glorifier, remercier Dieu de ce qu’Il avait fait dans sa vie. Il acceptait entièrement la situation dans laquelle il se trouvait, parce que c’était la volonté de Dieu. Je suis sorti de la maison en retenant mes larmes, car je me disais : « Voilà un homme de 42 ans qui voit venir la mort et qui l’accepte en remerciant et en louant Dieu, alors que nous, très souvent, devant la moindre difficulté, le moindre petit obstacle, nous critiquons, nous nous objectons. » Ce fut pour moi une grande leçon dans ma vie. Un matin, j’ai appris qu’il était décédé. Le lendemain, à mon réveil, j’ai pris conscience que j’avais vu Gaston au cours de la nuit. Ce n’était pas comme dans un rêve où, ordinairement, on voit les gens confusément… Je ne peux pas vous dire où il était… comment il était habillé… mais c’était bien lui qui venait me voir. Ce qui m’a frappé, chez lui, en le voyant, c’est l’ampleur de son rayonnement et sa liberté d’être. J’ai vu des gens transformés à la suite d’une retraite de fin de semaine de spiritualité; préoccupés qu’ils étaient à leur arrivée (comme s’ils portaient un gros fardeau), ils repartaient le dimanche, rayonnants et dégagés. Eh bien, ce rayonnement était incomparable à celui qui émanait de Gaston, lors de sa « visite »; il était cent fois, mille fois plus éclatant. Il m’a dit : « Je viens te remercier pour tout ce que tu as fait pour moi et je t’encourage à continuer » et il est disparu. À maintes occasions depuis cette expérience, lorsque j’hésite à témoigner de ma foi, je me demande : « Est-il possible que, comme pour mon ami Gaston, j’aie un rôle à jouer dans le cheminement de telle personne, qui pourrait lui être bénéfique et que mon manque d’audace priverait de ce secours ? » Gaston a été pour moi un modèle d’abandon dans les choses que nous ne pouvons changer. Si un homme de 42 ans est capable d’accepter la volonté de Dieu en Lui remettant sa propre vie, en s’abandonnant totalement à Lui, il me semble qu’il soit possible pour nous d’accepter les petits problèmes que nous rencontrons.