Attention à l’alcool
Nous aimons tous avoir du plaisir. Nous avons avantage à discerner entre un plaisir sain et celui qui nous conduit à l’échec. Un jour, j’avais à mon emploi un bon vendeur; un gars rempli de talents, mais qui avait tout raté dans sa vie, y compris son suicide. Il disait : « Moi, je ne veux pas avoir une petite vie plate comme Léandre qui passe ses fins de semaine à son chalet avec sa petite famille. Moi je veux avoir du « fun ». »
Et il passait ses fins de semaine à boire et à conquérir de nouvelles blondes. Après une deuxième faillite où il m’avait fait perdre environ 20 000 $, congédié de mon bureau, il m’arrive à la maison vers les 7 h du matin pour me supplier de le réengager comme vendeur, en me faisant de belles promesses que je savais qu’il ne tiendrait pas. Voyant que je refusais, pour tenter de m’attendrir, il a commencé à me dire comment il était malheureux; et moi, à chaque plainte, je lui disais : « Pense au « fun » que tu as eu, tu n’as pas choisi d’être heureux, tu as choisi d’avoir du « fun », tu te dois d’accepter ce qui va avec. Si un jour tu es réellement changé et que tu m’en donnes la preuve, nous pourrons nous parler, mais jamais, tant et aussi longtemps que tu vivras pour avoir du « fun ». »
Aux dernières nouvelles, il ne s’était pas rétabli. Je crois qu’à moins d’un miracle, pour lui c’est impossible, parce qu’il a atteint le chemin du non-retour. Il n’a plus la volonté de se prendre en main.
J’ai été témoin de plusieurs autres cas de brûlés par l’alcool qui sont devenus de véritables loques humaines, incapables d’accomplir quoi que ce soit.
Il y a un autre individu qui m’a profondément marqué, que j’avais embauché au temps où j’étais gérant pour les assurances U.C.C., un homme que je croyais responsable, une belle personnalité, aimable, marié et père de quatre enfants. Par la suite, il est devenu propriétaire de son propre bureau; je croyais que ses affaires étaient prospères, jusqu’au jour où une compagnie d’assurances m’a téléphoné pour m’offrir ce bureau, car cette dernière avait dû reprendre son agence pour une question d’argent et supposément un manque d’organisation, le travail étant très en retard.
J’ai accepté de l’acheter en espérant garder cet homme à mon emploi. Après avoir remis tout à l’ordre, je le laisse seul pour une semaine. Après cette période, j’envoie mon responsable le visiter pour constater qu’il n’a pas fait autre chose que répondre au téléphone, prendre les demandes des clients sans y donner suite. J’ai tenté de l’aider par tous les moyens possibles, je le croyais malade. Sans résultats. Son bureau était à même sa maison, il allait régulièrement se servir un gin dans la cuisine. Le matin s’il n’en prenait pas, il ne pouvait écrire tellement il tremblait. Toutes ses cellules étaient brûlées. La dernière fois que nous l’avons rencontré, il avait environ 45 ans; Élisabeth a cru qu’il était un de mes cousins, âgé de 80 ans. Il est mort peu de temps après. Lui aussi avait atteint le chemin du non-retour. Sur ce plan, il vaut mieux être trop prudent que pas assez.